Archives pour la catégorie souvenirs militaires

Ma guerre d’Espagne, brigades internationales : la fin d’un mythe.

Sygmunt Stein, Ma guerre d’Espagne. Brigades internationales : la fin d’un mythe, traduit du yiddish, rédigé en 1961, Seuil, 2012.

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Né dans une famille juive, pauvre, très religieuse, Sygmunt Stein fréquenta le heder puis rompit très jeune avec la religion et avec sa famille. Socialiste, membre du Bund, il adhéra au Parti communiste en Galicie et en Tchécoslovaquie, à Prague. Il y dirigeait le Gezerd, un mouvement communiste de fixant pour objectif le renforcement de la République juive autonome au Birodidjan et publiait Birobidjan in Bau (Birobidjan en construction). Selon son témoignage, heurté par les procès de Moscou, il partit comme volontaire en Espagne pour trouver de nouvelles raisons de croire dans le communisme. Désigné à Albacète comme commissaire à la propagande, il y côtoya André Marty dont il fait un portrait charge dans ses souvenirs.

De retour d’Espagne, en avril 1938, il s’installa à Paris mais il resta sans revenu et sans connaître la langue. Il parlait le yiddish, l’hébreu, le polonais, l’ukrainien et l’allemand. Il vécut dans la Yevsektsia de Paris où il rencontra Perla Fajnmel originaire de Pologne qui devint sa compagne. À la déclaration de guerre, il voulait s’engager dans la Légion étrangère mais un accident l’en empêcha. À l’arrivée des Allemands à Paris en juin 1940, ils partirent en Corrèze, à Saint-Pantaléon-de-Larche, vivant de jardinage et de l’élevage de poules. Puis ils se marièrent et passèrent Suisse où leur fille unique, Odette Stein, naquit le 2 juin 1944.

Le couple revint à Paris à la Libération. Il écrivit dans Undzer vort et donna des conférences littéraires en yiddish tout en vivant de la confection dans le XXe arrondissement.

Éloigné du communisme, très hostile au stalinisme, il restait de gauche et soutenait les luttes des travailleurs. Il rédigea en 1961, en yiddish, des souvenirs sur son engagement en Espagne, témoignage passionnant mais malheureusement truffé d’invraisemblances.

Souvenirs de campagnes du sergent Faucheur

arnaud pattin

Edmond Faucheur Narcisse Faucheur, Jacques Jourquin | 1 janvier 2005

C’est en 1874, à l’âge de 80 ans, que Narcisse Faucheur reçoit enfin la Légion d’honneur des propres mains du président de la République, Mac Mahon, à la fois pour ses services militaires mais aussi civils. Bien qu’admis à Polytechnique, il s’engage à 18 ans, en 1812 comme simple soldat, afin d’obtenir l’épaulette d’officier. Sa famille ne peut payer ses études. Très vite, ses supérieurs remarquent ses qualités intellectuelles et il devient très vite fourrier de sa compagnie de grenadiers. Ses camarades, dont plusieurs avaient servi en Espagne, jalousent ce « muchacho » ambitieux et compétent. Avec habileté, il réussit à s’imposer aux yeux de ses camarades qui le prenaient de haut. Au  combat, ce « Marie-Louise » se révèlera un très bon soldat lors des difficiles campagnes d’Allemagne. Il devient sergent mais n’ira pas plus loin car la première abdication de Napoléon ruine ses ambitions militaires en 1814.Il se reconvertira dans le commerce puis réussira une brillante carrière de chef d’entreprise. Quarante ans après, en 1854 il revisitera les champs de bataille de sa jeunesse, avant d’être enfin décoré en 1874!

Document exceptionnel, pour lequel tout est bien rapporté dans la « présentation éditeur ci-dessus ». Je suis surpris que ce livre ne soit pas plus connu, il est du niveau des « Carnets de Louis Barthas » du point de vue témoignage « live » d’un conflit. Cet ouvrage relate les souvenirs de Narcisse Faucheur, auvergnat reçu à Polytechnique, incapable payer ses études et s’engage comme magasinier dans l’armée impériale en mars 1812 ; il est chargé du couchage, des approvisionnements en vivres et vêtements, des soldats de la Grande Armée. Ce document qui se lit comme un roman est passionnant : narration du voyage à pied (!!) de Clermont-Ferrand jusqu’à Napoléon-Vendée, ou il rejoint son affectation, arrivée à la caserne, description des uniformes, du bivouac, de l’armement. On vit au quotidien avec la troupe, partageant les angoisses, les désillusions, les espoirs de retour, la tragédie des réfugiés de la retraite de Russie. De plus l’auteur dont le texte intégral est retranscrit (sans notes), expose avec une fiabilité remarquable, les différentes étapes de la campagne napoléonienne à travers l’Europe, la déroute en Espagne, la couteuse et douteuse campagne d’Egypte, les différentes batailles, et leurs stratégies. Ce qui est surprenant, vu le peu de médias disponibles à cette époque, et surtout leur « noyautage impérial ». En outre, l »auteur présente des aspects inhabituels des combats auxquels il a participé (Dresde, Campagne de Prusse, Leipzig ), décrit parfaitement les aléas de ces armées d’occupation, et leurs rapports avec les populations civiles, pas forcément acquises à leurs causes…. Style clair, sain, modeste, dans un français parfait, souvenirs poignants lors du retour sur les lieux de ces batailles en compagnie de sa fille des années plus tard, ce récit est un document d’une valeur sans doute encore sous-estimée. Mais il risque de devenir un document fondamental de cette tragédie humaine.

 

Le temps perdu.

roger trinquier le temps perdu

« Le temps perdu », colonel Roger Trinquier, Editions Albin Michel 1978.

 

Fils de petit exploitant agricole du Dauphiné, Roger Trinquier est né à La Beaume (Hautes Alpes) en 1908. Après l’Ecole Normale d’Aix en Provence (1925/1928), il est admis comme EOR à Saint Maixent puis en 1932 nommé sous-lieutenant d’active. De 1934 à 1936, il commande à Chi Ma le poste de police sur la frontière du Tonkin et de la Chine. 1937-38 : il est sur la ligne Maginot à Sarralbe, derrière la Sarre. 1938-39 : il commande une des deux compagnies de la garde de l’ambassade de France à Pekin.

De 1940 à 1945, Roger Trinquier est à Shanghai, en qualité d’adjoint au colonel commandant le bataillon mixte d’infanterie coloniale de Chine.

Après la guerre, il dirige le 4e commando du groupement parachutiste du commandant Ponchardier, puis forme en France, avec le commandant Dupuis, le premier bataillon de parachutistes coloniaux : les Bérets rouges.

De 1948 à 1949, il commande dans le Sud Vietnam le 2e bataillon colonial de commandos parachutistes. Rentré en France, il commande à Fréjus le centre d’instruction des troupes qui partent pour l’Indochine, puis l’école de saut à Vannes.

De 1952 à la fin de la guerre d’Indochine, il est chef du Service Action, d’abord pour le Tonkin, ensuite pour toute l’Indochine, chargé en particulier de créer des maquis sur les arrières Viet-minh.

Roger Trinquier passe la période 1956-1960 en Algérie, où il est d’abord l’adjoint du général Massu pendant la bataille d’Alger, avant de prendre en mars 1958 le commandement de 3e RPIMA en remplacement du colonel Bigeard. Le 13 mai 1958, il occupe avec son régiment le Gouvernement général à Alger, et crée avec le général Massu un Comité de Salut public qui demande le retour au pouvoir du général De Gaulle. Enfin, en 1959-60, il commande le secteur d’El Milia dans le constantinois.

Appelé en 1961 par le président Moise Tschombé pour prendre le commandement de l’armée et de la police Katangaises, il rentre en France en avril au moment du putsch des généraux à Alger.

Depuis, le colonel Roger Trinquier, commandeur de la Légion d’honneur, titulaire de 14 citations dont 10 à l’ordre de l’armée, a crée l’association pour la réforme des structures de l’Etat, et fondé l’association nationale des parachutistes (actuelle UNP). Il a publié d’autre part plusieurs ouvrages, dont « la guerre moderne », « le coup d’état du 13 mai », « l’Etat nouveau », « guerre-subversion-révolution ».

Ses mémoires nous offrent un témoignage fondamental sur l’Indochine et la Chine des années 30-45, ainsi qu’une vision très personnelle et passionnante des guerres d’Indochine et d’Algérie. Sans chercher à émouvoir, en dépit parfois du caractère dramatique des évènements qu’il raconte, il nous montre avec vigueur ce que fut jour après jour le « temps perdu » – sa vie, peut être, ou bien l’échec de toute une politique de la France.

 

 

 

 

 

 

 




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