Le Boqueteau 125

Le Boqueteau 125

Ernst Jünger, édition Payot 1925.

arnaud pattin

Un livre remarquable.

Une sorte d’appendice à Orages d’acier, utilisant les cahiers de guerre laissés inexploités, c’est ce que devait être Le boqueteau 125. Cet ouvrage a néanmoins l’extraordinaire caractéristique de condenser dans le cadre d’une séquence de position, puis de combat, des traits caractéristiques que l’auteur avait poussé à la perfection dans son premier et majeur opus. Le contenu et les qualités littéraires du livre ont déjà été largement présentés dans les autres commentaires, il n’y a rien à ajouter à ce sujet.

Le regard aiguisé, extrêmement précis et à la fois détaché d’un « aristocrate » des tranchées rompu au métier de la guerre qu’il pratique comme tel, qui en est à sa quatrième année de combat et le décrit avec une finesse extraordinaire. Sa recension d’une progression à la grenade à la fin du livre, du « professionnalisme » de ses camarades entre calme impressionnant et fureur subite, est une des plus immersives du genre. Son détachement face aux atrocités, son apparente dureté, son vague cynisme et son humour noir contrastent étrangement avec un vrai humanisme et une absence totale de haine envers l’ennemi qu’il respecte et apprécie, à ses descriptions contemplatives de la nature, et ce de façon encore plus frappante que dans Orages d’acier. Récit concis, ramassé et nerveux, qui se concentre sur quelques jours précis et décisifs de son expérience au printemps 1918, Le boqueteau 125 est à mon avis le livre le plus percutant sur 14-18.

 
Cet ouvrage peut avoir plusieurs intérêts. Si on a lu et ressenti toute la puissance d’Orage d’acier, ce livre forme un approfondissement de la conception qu’à Jünger de l’homme au combat, au même titre que « La guerre comme expérience intérieure », » Le feu et le sang », ou « Lieutenant Sturm ». Mais compte tenu de l’indépendance du récit, il forme également un bon angle d’attaque pour qui a des réticences à aborder l’auteur avec le très impressionnant Orages d’acier. On comprend vite si, oui ou non, on a « les oreilles qu’il faut pour cette bouche » – pour pasticher le grand Friedrich qui a laissé son empreinte dans ce roman, comme dans les autres.

arnaud pattin.

1 commentaire à “Le Boqueteau 125”


  1. 0 VD 11 jan 2023 à 16 h 05 min

    A lire absolument !

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